Je soutiens

Avanti populo!

et j’ai droit à une contrepartie

Le Plumitif, ce sont des articles sur des sujets de fond, ou des poèmes. Parfois des enquêtes. Pour faire des enquêtes, il faut des moyens. C’est du temps, des voyages. J’y ai consacré approximativement 36.000 heures en trente ans. 100 heures par mois. C’est un travail de fou, pour tenter de cerner l’actualité, en déceler, tenter d’en révéler les subterfuges, les manques.
Je ne compte pas le temps consacré à faire de la logistique, notamment à m’organiser sur le plan informatique. Ce temps doit presque alors être multiplié par deux. Je compte le temps de lecture, ou passé à me documenter, mais pas à m’informer sur le terrain, à interviewer des gens lors de manifs. Ajoutons à cela le travail consacré aux éditions provisoires, dont le site n’existe plus, est complètement à refaire, autrement dit l’élaboration de brochures, d’essais, toujours dépassés par la réalité. C’est alors un temps qu’il faut multiplier par 3. Bref, cela fait environ 112.000 heures. Une moyenne de 75 heures par semaine.
Le Plumitif est presque devenu à la longue un centre de documentation qui comporte une petite bibliothèque. Il y a des livres, de la documentation, des machines, et des locaux. Autant de dépenses. Si les machines sont souvent récupérées ça et là, il faut les entretenir. Il faut aussi entretenir des locaux. Les locaux sont vétustes. Provenant d’un petit héritage, ils n’ont pas coûté très cher. Mais voilà, ils sont insalubres. Leur restauration est nécessaire. Le bâtiment ne peut générer de rentrée locative. Tout est à y refaire. Ou presque. L’évacuation des eaux, le plafonnage, une partie de la toiture et de l’isolement, une cheminée, les sanitaires, le réseau électrique, la plomberie. Il faut drainer tout le terrain sous lequel se trouve probablement une source, construire des contreforts. Ensuite, seulement, une salle de projection et de conférences pourraient y être aménagée. Et bien d’autres choses. Les dépenses sont importantes, même quand on fait tout soi-même, ou presque.
Or le Plumitif, ce sont zéro rentrées depuis trente ans également. Pour financer tout cela, j’espère publier un livre. C’est ma seule chance de m’en tirer. Mais c’est un boulot de fou. Sans parler des activités de bricolage auxquelles je suis systématiquement astreint. Ce n’est pas une vie de philosophe, d’écrivain, mais d’apprenti bricoleur, que je mène.
Le Plumitif n’a pas de carte de presse, de numéro d’entreprise, il n’a pas droit à des subsides. Vu le succès foudroyant du blog, pratiquement en stand by depuis près de deux ans, les dépenses à faire sont réduites au minimum. Il n’y a pas de salarié. Pas encore. Y en aura-t-il jamais?
Les choses vont vite. Le monde bascule, change à toute allure. Elles se mettent en place en un tournemain. Ce n’est pas le moment de baisser les bras. L’effort de comprendre et l’exigence de se faire comprendre sont tels qu’il faut mettre les bouchées doubles. Il est rare que les résultats atteints intéressent grand monde. Les choses sont tellement différentes qu’elles ne paraissent. Des experts indépendants, des passionnés, des connaisseurs, en savent souvent plus que les journaux. Ils font un boulot formidable. Mais ils ont du mal à se faire connaître. L’espace public est dévolu à des grandes productions bourrées d’effets spéciaux, on y retrouve des super stars, et de la publicité commerciale. Ainsi que des informations, presque partout les mêmes, qui tiennent lieu d’informations officielles. Ces dernières ont tendance à passer pour une relation correcte de la réalité internationale et nationale. Mais il n’en est rien. En ce qui concerne les relations internationales, les journaux n’envoient plus de correspondant nulle part, sauf exception. Ils se contentent de reproduire des dépêches d’agence. Ces dépêches sont stéréotypées. Elles obéissent à des impératifs économiques qui sont ceux du capitalisme. Autrement dit, elles servent avant tout à légitimer l’une ou l’autre forme de prédation.
Concernant les événements nationaux, les journaux relaient des dépêches de l’agence Belga.
Les masses sont informées, certes, mais de manière tendancieuse. Elles sont surtout la cible de campagnes de presse étouffantes qui ne permettent pas de présenter les choses autrement à moins de le faire dans une quasi clandestinité. Le cadre réglementaire, celui d’une entreprise de presse commerciale seuls permettent de se faire rémunérer. En d’autres termes, la population est assujettie à la Pensée unique.
Les gens sont assommés par une propagande médiatique abrutissante. La société est complètement inféodée à une certaine organisation épouvantablement mensongère de l’espace public. Ceux qui critiquent cette organisation sont taxés de complotistes par des officines douteuses. Comment faire pour ne pas nous retrouver le bec cloué, pour ne pas nous laisser piéger, embrigader?
Comme dit la chanson, je ne lâche rien, je continue, coûte que coûte, comme quelques autres, comme les journalistes de Fakir, de Kairos, mais avec un peu moins de moyens, de monde, à ma façon, à démonter les fabrications qui servent dramatiquement de base aux informations avec lesquelles on assomme la population.
Je n’ai pas envie de demander de l’argent à des gens qui ne roulent pas sur l’or et qui se coupent déjà en quatre pour soutenir l’un ou l’autre média alternatif, ainsi que trente-six associations, ou collectifs, lesquels ne sont pas non plus très souvent subsidiés, comme le sont certains.
J’ai cependant créé à tout hasard une cagnotte, principalement destinée pour le moment à financer les dépenses nécessaires pour restaurer les locaux du Plumitif. Au cas où vous ne sauriez pas quoi faire de mieux pour faire un peu avancer les choses, pour empêcher la société de reculer.
Ceux qui soutiennent financièrement le Plumitif sont les bienvenus aux Chanvières à tout moment. Si vous vous vous y connaissez, venez passer un moment à plafonner, à refaire la toiture, à terrasser, à refaire l’électricité, la plomberie, venez faire un peu de permaculture. Le travail ne manque pas. Vous pourrez cumuler les activités de bricolage, et la détente, des randonnées en VTT dans la campagne ardennaise.
Un tout grand merci d’avance.