Le Japon annonce vouloir ouvrir un bureau de liaison de l’Otan et provoque la stupeur en Asie
par Adrien Du Katanga
C’est la dernière du club des dix nations les plus méchantes: l’OTAN renforce son influence en Asie. Le ministre japonais des Affaires étrangères Yoshimasa Hayashi révèle que le Japon est en pourparlers pour ouvrir un bureau de liaison de l’Otan sur son sol. Il n’a pas dit si c’était le Japon qui était demandeur. L’ambassadeur du Japon aux États-Unis, Koji Tomita, a déclaré à Reuters que ce bureau s’implanterait à Tokyo. Pauvres cerisiers.
Selon Nikkei Asia, le but de ce bureau est de mener des « consultations périodiques » avec le Japon et des partenaires clés dans la région, comme la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Des termes fort sympathiques au demeurant pour des plans de conquête et d’invasion. Les trois dernières invasions de l’Asie par le tandem Japon-puissances occidentales (guerres de l’Opium, guerre des Boxers, seconde guerre mondiale) ont fait ensemble plus de cent vingt millions de victimes. Mais, à Washington comme à Tokyo, quand il s’agit de casser du nègre, comme on dit, ou de fustiger des coolies, on n’est jamais à court d’idées.
On se croirait revenu au temps des concessions quand, pour le plus grand bien de l’humanité, le Japon et les nations occidentales se partageaient les grandes villes chinoises et l’Asie du Sud-Est.
Le Japon coopère avec l’Otan dans des domaines tels que la sécurité, la défense et le partage d’informations, explique le diplomate.
Invasion de la Chine par le Japon en 1933
Au fil des années, des liens étroits se sont développés entre ces vieilles puissances dominatrices. L’intervention russe en Ukraine a permis de justifier plus facilement cette collaboration entre ces puissances spécialistes des coups montés, des occupations coloniales, des massacres de masse.
Deux autres puissances ayant, soit combattu aux côtés des nazis, soit représenté pour eux un allié objectif pendant la seconde guerre mondiale, lui fournissant des matières premières, acheminant des troupes allemandes à travers son territoire, la Finlande et la Suède, ont toutes deux demandé également leur adhésion à l’organisation militaire atlantique.
Le Japon prétend invoquer l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et les répercussions au-delà de l’Europe de ce nouveau Pearl Harbor. Il va peut-être aussi reconnaître qu’il n’avait pas le moindre raison en son temps d’attaquer Pearl Harbour. En tout cas, il a bien appris sa leçon. Le pays serait occupé à repenser toute la sécurité régionale. On imagine sans peine ses plans de conquête de Sakhaline, des îles Kouriles, et pourquoi pas du Kamtchatka, et de la Mandchourie. Le Japon n’est pas membre de l’Otan, mais il est motivé. Il y a de quoi.
Pour le ministre japonais, le monde est plus instable depuis l’agression de la Russie contre l’Ukraine. Un monde sous tutelle américaine, comme l’est le Japon, depuis les bombardements d’Hiroshima et de Nagazaki, ou l’Ukraine, depuis Maidan, est nettement plus stable, on n’en doute pas. Et le ministre d’en remettre une couche en disant que ce qui se passe en Europe de l’Est affecte même la situation dans le Pacifique. Pourquoi pas sur la Lune! Pour lui, une coopération entre l’Asie de l’Est et l’Otan est de plus en plus importante. Pourtant, ça pourrait lui rappeler une autre coopération, les idéaux étant les mêmes : sinophobie ou russophobie, mais, par contre, glorification du nazisme. Pourquoi pas arabophobie, négrophobie, judéophobie, tant qu’il y est. Le goût des élites mondialistes pour la violence la plus brutale et pour les formules ampoulées n’est un mystère pour personne.
La Chine se rapproche de son côté de la Russie. Non à la mise sous tutelle du monde entier par les USA. Pour la Chine, cette alliance militaire élargie (elle ne cesse de s’élargir) renforcerait les tensions en Asie du Sud-Est. Japon, Corée du Sud et Taiwan s’isolent en se rapprochant de l’OTAN et représentent une menace pour la région. Les rencontres entre dirigeants russes, chinois, indiens et leurs appels à un partenariat politique et commercial étendu se multiplient. Une nouvelle organisation économique est en train d’émerger. Depuis la mise sous tutelle de l’Ukraine, l’instrumentalisation de celle-ci, et la guerre qui en découle avec la Russie, les président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine planchent enfin sur une nouvelle organisation du monde.
« L’Asie est une terre prometteuse pour la coopération et un foyer de développement pacifique. Elle ne devrait pas servir de plateforme à ceux qui cherchent des luttes géopolitiques« , a affirmé le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.
« La poussée de l’Otan vers l’Est et son ingérence dans les affaires de l’Asie-Pacifique ne manqueront pas de nuire à la paix et à la stabilité régionales », ajoute-t-il.1
La participation nord-coréenne à l’effort de guerre russe pourrait aussi inciter la Corée du Nord à sortir de son isolement.
Quant à la présence menaçante de la flotte américaine en Corée, et ses exercices permanents dans les mers du Japon et de Chine aux alentours de la Corée, et de Taiwan, ils incitent la Chine à multiplier les exercices militaires et à organiser enfin à sa défense.
Cela dit, pour le ministre japonais Yoshimasa Hayashi, l’extension de l’OTAN à l’Asie du Sud-Est ne représenterait cependant aucun danger. C’est lui qui le dit.
« Nous n’offensons personne, nous nous défendons contre toute forme d’ingérence, d’inquiétude et, dans certains cas, de menace », a-t-il prétendu.
Une déclaration lourde de sous-entendus.
1 Cité par Sonia Romero, dans Business AM, 10 mai 2023.